Histoire : Origines-Evolution

Pour tout savoir sur les origines et l'histoire de la course landaise : "La course landaise a une histoire". Un ouvrage de Patrice Larrosa aux Editions Passiflore


 

Un peu d'Histoire...

Il est difficile de déterminer avec la plus grande exactitude l'origine des courses landaises. Toutes les études faites sur le sujet n'apportent rien de précis. Certes il existe des documents (fresques, documents écrits...) qui donnent des indications précieuses, mais ces documents sont souvent sujets à interprétation. Quand on les étudie, quand on les recoupe (c'est un travail important qu'effectue l'historien), on s'approche toutefois le plus possible de ses origines et de son évolution à travers les siècles.

Nos courses landaises dérivent-elles des courses de taureaux telles qu'elles se pratiquaient en Espagne, ou bien sont-elles le prolongement des combats en champ clos que les seigneurs d'Aquitaine livraient au Moyen-Âge contre les taureaux ?

Ce qui est certain c'est que les exercices tauromachiques étaient en honneur chez les crétois deux mille ans avant notre ère. Les fresques découvertes à la fin du XIXème siècle dans l'île de Crête, et très bien conservées, en sont la preuve. Plusieurs d'entre elles représentent des jeux athlétiques et gymniques réalisés par un homme avec une bête sauvage ayant l'allure d'un taureau. L'action ressemble à celle de nos courses landaises actuelles. Ces exercices étaient donc courants en Méditerranée orientale, mais aucun document n'a pu être retrouvé qui attestait que ces jeux existaient également dans notre région.

Fresque du toreador palais de cnossos 1

fresques découvertes dans l'île de Crête

Si, à l'origine, la course de taureaux était pratiquée en Espagne par des nobles à cheval, aidés par des pages à pied, des ordonnances royales, suivies d'excommunications sanctionnant la mort du taureau, modifièrent considérablement la qualité des acteurs qui se transformèrent peu à peu en professionnels très largement rétribués.

Monsieur Charles Samaran, membre de l'Institut et Directeur des Archives de France découvrit même le premier document authentique faisant état des courses de taureaux. Il s'agissait d'une lettre de rémission accordée à Tours en décembre 1457 par le roi Charles VII à Barthélémy de Bordes condamné pour avoir couru des taureaux dans la ville de Saint-Sever. Cette rémission était accordée du fait qu'il y avait à Saint-Sever coutume de faire courir des taureaux dans chaque rue, tous les ans à l'occasion de la Saint-Jean Baptiste.

D'autres documents existent faisant état de coutumes ou d'autorisations obtenues afin que la jeunesse puisse esquiver les bêtes par divers exercices, et ce afin de les capturer sans pour autant les mettre à mort. le bétail était prêté par des propriétaires des Landes de Gascogne lors de fêtes locales ou d'évènements particuliers.

Les Evêques d'Aire et de Dax prirent position contre ces manifestations, se rangeant à l'interdiction que Pie V avait prise contre les courses de taureaux. Le Parlement de Bordeaux, le roi Louis XIII en firent de même. Mais durant tout le XVIIème siècle, les populations luttèrent farouchement pour la maintenance de ce jeu ancestral.

Bien avant la corrida était la course landaise puisque c'est seulement en janvier 1701 que l'on put voir pour la 1ère fois en Aquitaine une course espagnole avec mise à mort de taureaux Navarrais et Castillans. C'est la Municipalité de Bayonne qui fut autorisée à organiser cette course en l'honneur du roi d'Espagne Philippe V, petit-fils de Louis XIV.

Après de nombreuses recherches, le docteur Elie Moringlanne écrivait en 1902 au sujet de la course landaise : "Quand les seigneurs d'Aquitaine renoncèrent à descendre dans l'arène, ils y furent remplacés par des amateurs qui ne voyaient dans les courses qu'un sport attrayant, et que l'enthousiasme qu'ils excitaient dans les foules récompensaient suffisamment de la peine qu'ils prenaient et du danger qu'ils couraient."

La course consistait en exercices périlleux tels que la "feinte" ou le "coupé" qui permettaient aux amateurs d'esquiver le coup de tête de la bête poursuivie et stimulée à coups d'aiguillon.

A partir de 1857, du fait du boisement des Landes par Napoléon III qui privait ainsi les propriétaires de larges étendues propices à l'élevage, il fallut recourir à l'importation de bétail espagnol sauvage.

Grâce à la qualité de ce bétail qu'ils avaient à affronter, les feintes des écarteurs sont plus précises et l'on voit apparaître "l'écart sur le saut", exercice indispensable devant des vaches ayant été écartées très souvent. Et c'est ainsi que la course landaise prend sa forme définitive telle qu'on la voit exécutée de nos jours.

Les feintes et les écarts variés qui forment l'essentiel du spectacle ont depuis toujours été agrémentés par le "saut". Au début de cet exercice, l'écarteur sautait la vache à pieds joints, à la course, ou même effectuait un saut périlleux. D'autres figures sont venues s'ajouter au fil du temps, notamment le saut de l'ange et le saut périlleux vrillé. Aujourd'hui ces sauts peuvent être précédés d'une rondade, et même d'une rondade et d'un flip. Les athlètes se sont spécialisés, les uns restant écarteurs, les autres assurant uniquement la partie des sauts.

Le succés spectaculaire des sports d'équipe et de leurs championnats a incité les fervents supporters de notre sport landais à mettre sur pied des challenges dès 1952 : le challenge de l'Armagnac, le 1er créé, puis le challenge Landes-Béarn. Ce fut ensuite le Championnat de France des écarteurs et des sauteurs qui fut créé, puis le Championnat des Cuadrillas, le Championnat des vaches sans corde, le Championnat des Jeunes... autant de compétitions qui rehaussent le niveau des courses et leur ajoutent un intérêt supplémentaire.

En même temps s'est formée la Fédération Française de la Course Landaise (FFCL) qui groupe en son sein les comités organisateurs de course landaise, ainsi que tous les ganaderos (propriétaires du bétail) et leurs écarteurs, ces derniers possédant une licence.

La Course Landaise a donc survécu... et cela grâce en partie à tous ceux qui au cours des siècles ont oeuvré avec passion pour son maintien d'abord, et son développement ensuite. Les autorités locales ont su défendre la course landaise, une tradition où la vache ne subit aucune pression. La course landaise n'a donc plus connu d'opposition ni des autorités religieuses ni des autorités civiles. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, la course landaise a pu se développer librement. Elle est aujourd'hui la manifestation principale de toutes les fêtes patronales des villes et villages des Landes, mais aussi d'une grande partie du Gers, ainsi que des villages des Pyrénées Atlantiques, des Hautes Pyrénées, du Lot et Garonne et de la Gironde.

Depuis quelques années le nombre de courses landaises a considérablement augmenté, et du fait du déplacement des populations elle a touché de nouveaux publics. Les traditions ancestrales de notre terroir sont donc conservées, respectées et même promues. Les nouveaux médias, télévision et internet en particulier sont amenés à jouer un rôle important pour promouvoir la course landaise et pour transmettre cette passion jusqu'alors confinée à l'Aquitaine. Dans les écoles (et même quelques collèges) une initiation à la course landaise est proposée aux élèves, dans le cadre d'un projet gascon pluridisciplinaire, dans un partenariat entre la Fédération Française de la Course Landaise, l'Inspection Académique et certaines assemblées territoriales.

Course Landaise d'hier, course landaise de demain... Course Landaise toujours... mais bien au-delà désormais des frontières. 

Michel Puzos

Date de dernière mise à jour : 11/11/2020