DARGELOS

A la sortie de Saint-Sever en direction de Eyres Moncube...

Henri Saint-Martin, marchand de tissus à Habas, grand amateur de courses landaises, acheta en 1937 le troupeau de Germain Cantegrit. Ayant l'âme d'un ganadero, il compléta son troupeau avec quelques vaches provenant de la Ganaderia Fernand Barrère et le renforça encore avec des vaches camarguaises. Il ne devait pas profiter longtemps de sa passion puisqu'il disparaissait en 1943.

En janvier 1944, son beau-frère Pierre Maigret, héritier de ses biens, se trouva subitement propriétaire d'un troupeau qu'il suivait tous les dimanches. Malgré cela il ne s'en était jamais occupé. Très embarrassé il fut tenté de le vendre. Mais subissant quelques pressions familiales et extérieures, il se hasarda à s'introduire dans ce milieu moins facile à manier que celui des écoliers de Baigts-Chalosse et de Habas. Heureusement, à ce moment-là, André Barrucq, marchand de bestiaux à Montfort en Chalosse, s'intéressait fortement aux questions tauromachiques. En lui, le probable ganadero trouva un mentor intéressant et connaisseur qui lui proposa une association portant le nom de Maigret-Barrucq. Elle dura jusqu'en 1946 avec pour cuadrilla : Montfort (chef), les trois frères Lavigne, Pontois II, Gilbert, Belmonte, Meunier II, Mazzantinini (entraineur et sauteur) et Guichemerre (cordier).

La formation Maigret eut pendant longtemps la faveur des amateurs de courses landaises. Vint un jour, en 1954, où la fatigue et la malchance ayant amoindri le bétail, elle décida de prendre une année sabbatique. Au cours d'une réunion de famille, le fils de la maison (Jo Maigret) et son beau-frère (André Descazaux) décidèrent, pour ne pas perdre la face, d'acheter des vaches et de continuer en courses mixtes (sans challenge). Puis, petit à petit, troupeau et cuadrilla se reformèrent et se retrouvèrenet en bonne place dans le concert des concurrents de formelle. Zapatera en 1960 et Challengita de 1961 à 1967 furent élues Cornes d'or. Hélas, en 1973, Jo Maigret trouva la mort dans un accident de voiture.

Pour donner suite à cette formation qui avait acquis un certain renom, André Descazaux s'associa avec Gilbert Dargelos d'Eauze dont la famille avait depuis longtemps d'excellentes relations avec Maigret. Cette union dura jusqu'au décès de Gilbert Dargelos. Courageusement, son fils Francis prit la suite. Il eut à déplorer en 1980 une perte lourde dans son troupeau, avec la mort accidentelle, dans les arènes de Saint-Sever, de Joselita, deux fois corne d'or en 1973 et 1974.

Hélas la mort rôdait encore à Eauze. Francis Dargelos, sur qui reposaient tous les espoirs, subissait le même sort que son père en 1983. Maitrisant encore une fois sa douleur, Lucette Dargelos, la mère de Francis, retourna vite sur le terrain au milieu des écarteurs et des coursières, volontaire pour prendre ses responsabilités. Pendant sept ans son nom brillera, sans jamais pâlir, en tête de liste des meilleures formations, se faisant respecter, surmontant avec courage les difficultés qui survenaient. Elle eut pour corne d'or Mariposa en 1986

En 1990 le nom de Lucette Dargelos fut remplacé sur les contrats, sur les affiches, sur les programmes, par une raison sociale anonyme "Armagnacaise". Mais c'est à Lucette Dargelos que les comités devaient s'adresser. Listone en 1992 et Fédérale de 1993 à 1997 reçurent le titre de corne d'or. Le 14 Juillet 1997, Michel Agruna annonça à l'issue de la corne d'or que dorénavant ce serait Cathy Agruna qui serait responsable de l'Armagnacaise.

Aussitôt, Lucette Dargelos organisa un dîner débat à Samadet auxquels étaient invités clients et supporters pour faire savoir que se formait une société sous le nom de SARL Dargelos, composée de douze associés : Christian Darracq, Henri Fam, André Lafitte, Jean Laffitte, Victor Mendes, Alcide Prugue, Jean-Pierre Guillé (Rachou), Pierre Saint Jours, Jacky Serres, Gérard Brethoux, Henri Tilhet et Lucette Dargelos. Henri Tilhet fut désigné ganadero et Jean-Pierre Guillé (Rachou) chef de cuadrilla.

Une occasion inattendue et à saisir vite se présentat à cette ganaderia lorsqu'elle put acheter à Jean-Pierre Labat son lot de vaches fortement apprécié de tous les connaisseurs : Maroca (corne d'or chez Labat en 1983 et 1984), Justinoise, Chrisma, Morgane, Penelope, Sevillane, Aicha... En 2001 Maroca fut détentrice de la corne d'or et du trophée Challengita.

Avec ces coursières se présentaient de beaux jours pour la formation Dargelos et le course landaise. Mais hélas il en fut différemment. Deux écueils de la plus haute importance allaient dissiper les enthousiasmes : la disparition tragique du chef de cuadrilla Jean-Pierre Rachou, à la suite d'une tumade lors du concours de Dax 2001, et le soupçon de tuberculose dans l'élevage, exigeant au nom du principe de précaution l'abattage total du troupeau soit 91 vaches.

Malgré les démarches auprès des instances départementales compétentes et l'entrevue avec le ministre de l'agriculture Jean Glavany, les coursières furent abattues à Hagetmau au printemps 2002. Comble du désespoir, celui-ci révéla qu'aucune bête n'était contaminée. C'est ainsi que disparut Maroca, corne d'or en titre.

Henri Tilhet trouva auprès de Michel Agruna les moyens de continuer. De plus, pour refaire le troupeau il acheta à Salamanca 20 vaches de Ortiz de Urbina (élevage d'où est issue Fédérale) puis 15 vaches de Pilar (Moïses Fraile) et 10 vaches de Victorino Martin, élevage prestigieux qui donne en corrida des toros complets et brillants.

Le 25 janvier 2005, Lucette Dargelos décédait subitement, à l'âge de 81 ans. 

Des écarteurs de renom se sont illustrés au sein de cette ganaderia, notamment Loïc Lapoudge, Eric Labeyrie, aujourd'hui Alexandre Duthen et les frères Guillé, Julien et Baptiste. De nombreuses coursières se sont illustrées, personne n'a oublié Flamenca... mais aujourd'hui ce sont Hermoza, Canastille, Listone, Roubia, Rouperte ou encore Rouby qui font les beaux jours des courses de compétition.

En 2025 la cuadrilla Alexandre Duthen a remorté le Challenge Landes-Béarn

Les couleurs sang et or sont toujours au devant de la scène.