INTERVIEW réalisée le 22 Janvier 2010
Très présent dans nos arènes landaises et gersoises, Guillaume Marsan est devenu un personnage incontournable dans le milieu coursayre. Apprécié de tous, toujours à l'écoute, courtois, affable, convivial mais discret, nous lui avions donné la parole à quelques jours d'une assemblée générale des clubs taurins Paul Ricard, afin d'en savoir un peu plus sur lui et sur ses fonctions.
Guillaume Marsan délégué régional des clubs taurins Paul Picard pour le Sud-Ouest
Avant de t’impliquer professionnellement dans la course landaise comme tu le fais aujourd’hui, connaissais-tu la course landaise et le milieu coursayre ?
Natif du village chalossais de Laurède je ne pouvais que connaître la course landaise, sachant que j’ai commencé le sport par l’espoir Mugronnais, la gymnastique à Mugron, et où on animait l’entracte des courses comme cela se fait encore aujourd’hui ; c’est donc par ce biais-là que j’ai connu la course landaise. Et puis je suis aussi musicien (même si c’est une peu entre parenthèses actuellement en raison de mes activités professionnelles), j’ai joué à l’harmonie de Mugron, à l’harmonie de Saint-Paul les Dax, à la banda de Mugron, de St-Paul, j’ai animé plusieurs courses landaises en tant que musicien, et d’un œil intéressé je suivais ce spectacle-là ; donc avant d’intégrer l’union des clubs taurins Paul Ricard je connaissais la course landaise, également la tauromachie espagnole, et je m’intéressais à ces deux tauromachies. Pour continuer dans ce registre je dirai aussi que mon père était musicien, qu’il a été directeur de l’école de musique de Mugron et chef de l’Harmonie, mes frères sont musiciens, Alex joue avec Les Incognitos et Richard joue de la trompette dans deux ou trois groupes… nous sommes donc une famille musicienne
Qu’est-ce qui te plait dans la course landaise ?
Pour moi la course landaise c’est avant tout les acteurs qui sont en piste, écarteurs, sauteurs, hommes en blanc, et puis les ganaderos et les vaches, parce que sans ces deux choses-là la course landaise n’aurait pas lieu ; mais j’associe aussi tout ce qu’il y a autour, le speaker, la musique… donc je dirai que la course landaise est un puzzle, et s’il n’y a pas ces morceaux il ne peut y avoir de course ; ou sans les deux derniers que j'ai cités ce serait bien fade. La course landaise je m’y intéresse pleinement depuis deux ans et aujourd’hui encore plus, car lorsque l’on connait les hommes qui sont en piste, on voit la course landaise complètement différemment
Quelles sont tes relations avec les acteurs ?
Agréablement surpris aujourd’hui, en revenant après 10 ans où j’étais parti à La Rochelle en tant que chef de secteur à la société Ricard, où je m’occupais des deux départements, la Charente et la Charente-Maritime. Je suis revenu aujourd’hui et j’ai retrouvé quelques acteurs que j’avais quitté il y a 10 ans, mais je suis agréablement surpris par cette nouvelle génération qui vient d’arriver, une génération d’athlètes, très sympathique, qui ont su rester simples, populaires. J’ai de très bons contacts avec eux, avec les ganaderos, et bien sûr de très bons contacts avec les clubs taurins et les comités des fêtes.
Tu as pris la succession de Michel Salvadorini qui était ce que l’on peut appeler une personnalité dans la course landaise, comment as-tu vécu ce passage de témoin ?
Le Directeur de la société Ricard m’a proposé ce poste là il y a deux ans maintenant, j’étais conscient de la personne à qui j’allais succéder, je connaissais Michel, sa façon de travailler, je connaissais également ce qu’il avait fait, mais je partais du principe que je ne devais pas m'inquiéter, qu'une nouvelle génération arrive, et qu'il n'y avait aucun souci sinon de continuer le travail qui a été fait brillamment par Michel, essayer bien sûr d’apporter quelques nouveautés
Cela n’a pas été difficile de succéder à Michel ?
Michel a œuvré pendant 35 ans à ce poste-là et je m’attendais en toute logique à quelques obstacles, principalement humains… on connaissait Michel, un jeune arrive, on le compare à son prédécesseur, les générations ne sont pas les mêmes, donc les copains de Palomo ne seront pas obligatoirement mes copains… mais je m’y étais tellement bien préparé que tout s’est bien passé, que j’ai même été agréablement surpris par l’accueil de tous les clubs, que ce soit dans les Landes ou dans le Gers, où j’ai été accueilli les bras grands ouverts, et je les en remercie encore aujourd’hui
Tu avais donc quitté la course landaise pendant 10 ans…
J’avais quitté les Landes...
… les Landes et donc la course landaise… est-ce que tu l’as retrouvée telle que tu l’avais laissée ou bien as-tu senti qu’il s’était passé quelque chose, qu’il y avait eu des évolutions ?
Une évolution oui, avec la jeunesse dans l’arène et dans les gradins. Quand je suis arrivé il y a deux ans j’ai été agréablement surpris par toute cette jeunesse qui gravite sur les gradins, et c’est normal car les jeunes en piste attirent les jeunes et il faut que l’on attache beaucoup d’importance à ça, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui feront la course landaise de demain ; donc à nous de les aider, par exemple avec des tarifs attractifs ; c’est cela qui m’a marqué.
Peux-tu nous expliquer très précisément quel est le rôle de l’union des clubs taurins Paul Ricard ?
D’abord je dirai qu’elle a été créée en 1955 à Méjanes, le domaine Paul Ricard en Camargue, par Paul Ricard lui-même. Cette association-là fédère les trois tauromachies ; la course landaise, la course camarguaise et la tauromachie espagnole, corrida à cheval et corrida classique. Aujourd’hui nous sommes 382 clubs qui adhèrent à cette association et qui représentent 15120 membres. L’UCTPR a signé le premier partenariat avec la course landaise en 1979 et nous sommes partenaires d’environ 1200 évènements, soit des partenariats avec des dotations en bouteilles, ou avec des affiches et tout ce qui concerne la communication, et de temps en temps pour de gros évènements des partenariats financiers. Sur le Sud-Ouest, on va parler de mon secteur, il y a 210 clubs qui adhèrent à l’union des clubs taurins Paul Ricard. Dans les 210 il y a les deux tauromachies, la course landaise et les clubs corrida. En course landaise précisément nous sommes 150 clubs qui adhèrent à l’UCTPR. La force de l’union des clubs taurins Paul Ricard dans le Sud-Ouest c’est d’avoir réussi à fédérer tous les clubs. Il y a six secteurs qui se sont montés : Tursan-Adour (Olga Cassoulet), Tursan-Chalosse (Norbert Bergalonne), Arrigans-Luys (Gérard Suberchicot), Rivière-Basse (Franck Serve), Marensin-Chalosse (Roland Lalanne) et le Bas-Armagnac (Michel Douroux). Ces six personnes nous donnent bénévolement un coup de main pour fédérer tous ces clubs et c’est la grande force du Sud-Ouest d’avoir fédéré tous ces clubs-là. Je tiens à les en remercier.
Nous sommes également partenaires de la fédération, principalement l’école taurine que nous aidons financièrement, le festival art et courage, le trophée Challengita (qui représente 1500 euros), le trophée espoir des clubs taurins Paul Ricard (il faut savoir que pour ce trophée ce sont tous les clubs taurins du Sud-Ouest qui cotisent, c‘est une cotisation supplémentaire pour eux mais qui va dans le bon sens pour aider les jeunes, et j‘attache beaucoup d‘importance à la jeunesse dans la course landaise). Pour les années à venir, ce trophée espoir sera désigné par le comité des sages (et non en pointage) pour aider une fois de plus les jeunes.
Nous offrons aussi un boléro au champion des jeunes écarteurs et un gilet, depuis deux ans, c’est une nouveauté, au champion des jeunes sauteurs. Nous sommes aussi partenaires de Toro Emocion géré par Nicolas Vergonzeanne et le club taurin Boletero de St-Paul les Dax qui est adhérent à l’UCTPR. Nous l’avons été aussi de la matinale des Victorino Martin, du concours de secondes… Dans la course landaise il n’y a pas que la formelle il y a aussi les secondes et nous devons aider la course landaise en général.
J’ajouterai que nous sommes partenaires également du concours landais de Dax, de Mont de Marsan
Est-ce que tu es libre des partenariats, des trophées ou dois-tu en référer à des autorités supérieures dans ta société ?
Je suis entièrement autonome de ce côté-là et c’est ce qui fait notre force. Une fois par mois je monte à Arles ou à Marseille pour des réunions d’équipe, je rends compte de mes activités mais je suis libre ensuite de ma façon de gérer les choses.
Je suppose qu’un budget t’est alloué ?
Nous avons un budget financier pour les affiches, les prospectus et la communication, et pour les partenariats, un budget bouteilles pour les réceptions d‘après course landaise, et après c’est moi qui gère tout cela en toute indépendance. Pour les gros évènements on dégage un autre budget car les coûts sont autres et on est là pour ça. Nous sommes là avant tout pour aider les clubs taurins adhérents à l’union, l’école taurine car il faut foncer pour les jeunes, ce sont eux demain qui seront à notre place, et puis les partenariats avec la fédération sont importants.
Vous êtes quand même une société commerciale…
… avant tout…
… alors justement comment peut-on juger des retours sur la société ?
Il faut savoir que c’est du mécénat. En retour on ne demande rien. J’espère bien sûr que lorsque les gens iront faire leurs courses ils penseront un petit peu à moi (...rires...) mais avant tout notre rôle est d’aider la tauromachie.
Tu es maintenant bien accepté et reconnu (estimé) dans ce milieu de la course landaise, est-ce qu’il y a des amitiés qui se sont créées, des amitiés privilégiées ?
Cela fait à peine deux ans que j’occupe ces fonctions, je m’entends très très bien avec tout le monde, peut-être mieux avec des personnes de ma génération et c’est d’une totale logique, mais je ne prends pas partie pour une ganaderia ou pour une autre, une équipe ou une autre, je les mets toutes sur le même pied d’égalité et franchement je suis neutre ; et ce que je veux c’est aller voir des spectacles et je suis très heureux quand je descends des gradins et que je vois tous les gens avec la banane, avec le sourire, et qui ont passé un excellent moment. Comme on travaille avec les clubs taurins on est parfois dans la confidence, parce qu’on est avec eux pour monter des spectacles mais on reste malgré tout à notre place. Et puis il faut savoir prendre parfois un peu de recul.
As-tu des attentions toutes particulières ?
Je suis très attentif aussi à la jeunesse comme je l’ai dit auparavant en essayant d’attirer le plus grand nombre de jeunes dans les gradins et de faire comprendre aux comités des fêtes et à certains clubs taurins qu’il faut travailler dans ce sens, faire peut-être des gestes financiers. Mais en ce qui concerne la piste je laisse l’entière indépendance aux clubs et aux comités.
Je voudrais profiter de cette interview pour dire aussi que je suis vigilant à tout ce qui passe dans le domaine de la communication et j’attache beaucoup d’importance à tous les sites internet ; aujourd’hui on ne peut pas faire autrement, la communication passe par là ; et Michel pour ça je te félicite et je te soutiens pour ton excellent site. Nous avons également un site internet - www.uctpr.com - c’est le site de tous les adhérents qui nous font passer des informations et que nous mettons en ligne, un site qui fédère les trois tauromachies. Je n’oublie pas non plus les DVD coursayres avec Eurofilm, c’est un très très bon vecteur pour la course landaise, ces DVD méritent d’être vendus et surtout d’être regardés. Il ne faut pas hésiter à soutenir ces sites pour faire connaître la course landaise et pour faire venir le plus grand nombre de personnes dans les gradins car c’est un très bon vecteur de communication. Je remercie aussi la presse, Sud-Ouest, la Dépêche, La Cazérienne, les radios qui relaient nos informations et sont toujours présents quand on fait appel à eux.
L’assemblée générale a lieu chaque année en janvier ?
Oui, à la fin du mois à Méjanes où nous récompensons nos champions : Gaëtan Labaste qui recevra le boléro, Régis Dupouy le gilet, et aussi honorer les deux champions de France Hugo Viney-Thomas et Louis Ansolabéhère, et cette année Cathy Agruna recevra pour Ibañeza une récompense de l’Union des clubs taurins Paul Ricard. Au cours de cette assemblée les trois tauromachies seront récompensées. Après l’assemblée générale suivront un apéritif et un repas. Trois bus montent à Méjanes (Tursan-Chalosse, Tursan-Adour et le Bas-Armagnac) pour l’assemblée et ils profiteront de leur week-end pour visiter Arles et une manade le lendemain avant de retourner au pays coursayre.