Ganaderia BEARN-ARMAGNAC

Ganaderia Béarn-Armagnac

 

Ganaderia BEARN-ARMAGNAC

 

Rencontre avec le Ganadero Raymond Descamps 

Nous voici à Bretagne de Marsan, empruntant une nouvelle fois le chemin du curé qui conduit à la ganaderia Béarn-Armagnac. Les coursières sont là à nous attendre, derrière la maison, dans les prairies qui surplombent l'étang. Raymond Descamps nous accompagne pour cette visite, et si la belle Ramona se fait quelque peu attendre, Raymond Descamps a vite fait, de sa voix de baryton, de la convaincre à venir nous saluer au plus vite. Une partie du bétail est donc stationnée à Bretagne, l'autre partie se trouvant à Bordères. Au total 114 bêtes et un bon potentiel pour les courses à venir. A bien examiner les coursières dans les pâturages, on ne peut que constater le bel état de celles-ci. Raymond Descamps est réputé pour être aux petits soins pour son bétail. Nous faisons le tour de la propriété, et comme par enchantement les bêtes font le tour elles aussi, dévalant les pentes qui mènent vers l'étang. Les silhouettes des coursières se découpent sur l'horizon et le spectacle est vraiment magnifique. Nous revenons au point de départ et allons voir les plus jeunes ; le taureau lui, nous ne l'apercevons que de loin, à l'orée de la forêt. Le tracteur vrombit, Raymond Descamps part soigner ; la nuit commence à tomber et le ganadero nous convie dans sa demeure pour un entretien. Il en a des choses à dire et à raconter, et l'on devine vite le passionné qu'il est.

Comment vous êtes-vous intéressé à la course landaise ?

Depuis tout jeune... mais comme souvent dans cette période de la vie on abandonne et on y revient. Je n'ai jamais pu écarter car je ne voyais que les yeux noirs des vaches ; par contre entraîneur, alors-là oui, ça me convenait parfaitement. Je voyais 50 courses par an, je suivais Dargelos car il y avait du gros bétail et on était à peu près sûr de voir une bonne course. En 2000 j'étais transporteur chez Loumé et j'ai acheté quelques vaches origine Amparo ; je dois dire que lorsque j'ai vu le bétail qu'l y avait-là, j'avais envie d'acheter. C'est ce que j'ai fait lors de la vente Amparro avec 43 têtes.

En 2004 j'ai monté une cuadrilla avec les écarteurs Larrère, Barrère, Rivière, Dugène... le sauteur Yann Fior, les entraineurs Richard Lataste et Jean-Paul Lahitte et le cordier André Lataste. J'ai fait une quinzaine de courses. Cela a prospéré chaque année et 2008 a été une très bonne saison avec de belles courses en piste fermée.

Quelles sont vos attentes pour l'avenir ?

- Du bétail qui se confirme de plus en plus, ce qui se traduit par la confiance des comités

- Une bonne cuadrilla avec une volonté affirmée de produire de bons spectacles

Quelles sont les coursières qui vous ont apporté le plus de satisfactions ?

- Ramona (une ancienne Loumé), Matchuelle, Maïtena, Manzana, Coralia, Pomarezia, Alicia, Négrita, Dariola, Gilone, Ortezia... toutes ont fait leurs preuves ; et puis Sevillane, Bombite, Mexicana, Cortina... bref un cheptel en nombre et en qualité pour assurer les courses.

Quelles sont leurs qualités ?

- Elles ont du sang, de la rapidité, elles sont faciles à placer, elles ont du fond...

Comment voyez-vous l'avenir de la course landaise ?

- Il faut que beaucoup de monde se remette en question à commencer par les ganaderos. Je souhaiterais que dans le monde de la course landaise on fasse passer en premier lieu la conscience professionnelle. Et puis il faut du spectacle dans la piste. Quand il y a du spectacle, le public applaudit, on n'a pas besoin de lui dire au micro, il réagit lui-même. Il faut du bétail dans la piste et des acteurs qui ont la pasion au coeur. Quand je dis il faut du bétail, je précise, du bétail sérieux, qui fait le bouquet de la course. Avant, une vache qui saluait, qui fulait, c'était à coup sûr une sortie en apothéose. Il faut revenir à ça. Pas forcément des vaches lourdes, mais de bonne qualité. Et puis je voudrais dire aussi qu'il faut tirer un grand coup de chapeau aux hommes utiles dans une cuadrilla, pas seulement les vedettes, mais tous ceux qui parfois sauvent les courses dans les moments difficiles et dont on ne parle pas ou pas assez.

Que pensez-vous de la compétition ?

- C'est trop la course à l'argent. Et puis certaines pistes ne se prêtent pas à une véritable compétition, équitable et juste. Et puis je le dis en toute franchise, parfois il vaudrait mieux que ce soit pointé par le public car on voit pas mal d'aberrations.

Comment appréciez-vous des spectacles comme la nuit du toro ?

- Je ne porterai pas de critiques là-dessus car je considère qu'il faut laisser le public choisir ce qu'il veut voir. Je n'ai ni critiques ni éloges. Mais moi j'ai peur qu'il arrive un jour quelque chose de grave. Je ne m'amuserai jamais à relever le niveau d'une course avec un taureau et je considère que les comités peuvent faire des efforts sur les vaches dures.

Quel est votre meilleur souvenir ?

- Beaucoup de choses font plaisir. Je dirai qu'avoir eu la chance d'amener Ramona au centenaire de la Mutuelle où elle avait fait le final, fait partie des très bons souvenirs.

Quel est votre plus mauvais souvenir ?

- C'est quand on a une bonne vache qui s'écorne en piste ; cela m'est arrivé avec Bolera à Pomarez ou Benquetoise à Saint-Sever.

Votre ganaderia est-elle ouverte au public ?

- Bien sûr. Nous recevons des groupes pour des visites et des journées à la ganaderia, nous faisons des démonstrations, des capeas... Une ganaderia n'est pas un lieu replié sur lui-même mais au contraire elle doit être ouverte aux tauromaches d'une part et à tous ceux qui veulent découvrir ce milieu et ce patrimoine culturel.

La nuit est tombée lorsque nous quittons Raymond Descamps. Et le chemin du curé a pris une couleur ébène, comme sa soutane, et comme la robe de Ramona. Mais les mots de Raymond Descamps résonnent encore, les mots d'un passionné comme il en existe encore pour faire vivre et faire avancer la course landaise.

 

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Date de dernière mise à jour : 17/12/2015